
Chaque semaine, Hugo Bachelet et Romain Zanol vous donnent rendez-vous pour des enquêtes, des infos exclusives et des entretiens dédiés à la scène politique lyonnaise. Ce sixième épisode est inclus dans un abonnement à prix libre, nous vous invitons à nous soutenir pour que notre travail puisse continuer à faire vivre le débat démocratique. Au menu ce mercredi : un décryptage de la proposition de réforme de la sécurité par Jean-Michel Aulas, qui souhaite créer une troisième force policière à Lyon et construire un hôtel des polices, un commissariat géant qui rassemblerait l’ensemble des forces de l’ordre du territoire. Mais aussi des nouvelles de notre dernière enquête, les Écologistes héritiers (à contrecœur ?) de Collomb, ou encore le débat d’avant-fêtes de fin d’année qui ne se fera pas entre Doucet et Aulas.

Des nouvelles de nos enquêtes
Tous les mois, L’Arrière-Cour publie une enquête consacrée à l’entrisme de l’extrême droite dans les milieux ruraux d’Auvergne-Rhône-Alpes, en partenariat avec le Fonds pour une presse libre. Dans le deuxième épisode, nous avons enquêté sur la Maison d’éducation Pauline Marie Jaricot (MEPMJ), une école catholique hors contrat à Châtillon-sur-Chalaronne, dans l’Ain. Celle-ci, décriée pour son programme passéiste et les liens qu’entretiennent ses fondateurs avec l’extrême droite, avait fait l'objet de plusieurs recours et arrêtés par la préfecture, retoqués par le tribunal administratif de Lyon.
À la suite de plusieurs inspections réalisées depuis la rentrée 2025, la préfecture a ordonné, le 19 novembre, la fermeture totale de l’établissement. Elle indique à L’Arrière-Cour que « la directrice exerce ses missions à hauteur de 20 heures par semaine, dont 16 heures en présentiel, soit les lundis, mardis, jeudis et vendredis matin », et conclut donc que son absence « tous les après-midis ainsi que les mercredis révèle qu’elle n’est pas effectivement disponible pour assurer les missions inhérentes à l’exercice de ses fonctions de directrice ». Interrogée à ce propos, la directrice de l’établissement, Thérèse Madi, n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Collomb, l’héritage pas cadeau
Le 13 novembre, la tête de liste écologiste du 3e arrondissement et maire sortante, Marion Sessiecq, lançait sa campagne. Parmi les nombreuses prises de parole en soutien à la candidate, Thierry Philip, maire du 3e de 2008 à 2018, a rendu hommage aux Écologistes et reconnu en eux « les héritiers de Gérard Collomb ». Une petite phrase qui a fait grincer des dents certains militants et provoqué de discrets ricanements dans l’auditoire. « Sur la dernière partie de son parcours, son positionnement sur la solidarité, la sécurité, etc., était éloigné des valeurs de gauche », concède Valentin Lungenstrass à L’Arrière-Cour. « Pour autant, on ne peut nier qu’il a été un grand maire de Lyon, qui a rendu la ville plus agréable pour beaucoup. D’ailleurs, en 2020, nous avions fait le choix délibéré de ne pas attaquer Gérard Collomb. » De l’autre côté, Jean-Michel Aulas se réclame volontiers de Gérard Collomb mais ne partage sûrement pas la vision de Thierry Philip. Quant à ne pas attaquer la majorité sortante, on repassera.
Jean-Michel Aulas et sa tour d’ivoire
Cette semaine, l’union de la gauche et des Écologistes a publié un communiqué dans lequel Grégory Doucet invite l’ancien président de l’OL à débattre avec lui publiquement avant les fêtes de fin d’année. « Jean-Michel aspire à être maire de Lyon, à avoir de grosses responsabilités à la Métropole, mais pour cela, il va devoir descendre lui-même dans l’arène, il ne peut pas se contenter de faire campagne depuis la Cité internationale », appuie Valentin Lungenstrass auprès de L’Arrière-Cour. Interrogé sur la possibilité, pour le candidat des droites, de répondre présent à l’invitation du maire sortant, Roman Abreu, le chargé de communication d’Aulas, répond avec sarcasme : « Pourquoi Doucet veut-il faire ce qu’aucun autre édile de France ne fait ? » Selon lui, Grégory Doucet voudrait « rattraper un manque de dialogue de six ans avec les Lyonnais, avec un débat dans la précipitation avant les fêtes, moment où les Lyonnais veulent penser à autre chose qu’aux apologies de la majorité actuelle ». D’autant que, toujours selon Abreu, le maire sortant n’a pas à « fixer unilatéralement un quelconque calendrier. Il continue de faire ce qu’il fait depuis 2020 : imposer sa volonté verticalement. On n’est plus à l’heure de ce genre de diktat. »
Bernard et Kimelfeld taclent la communication « parisienne » d’Aulas
Bruno Bernard (Les Écologistes), actuel président de la Métropole, et David Kimelfeld (Alliance sociale démocrate et progressiste), son prédécesseur à la tête de la Métro, ont trouvé un terrain d’entente… pour brocarder le cabinet chargé de la direction de campagne de Jean-Michel Aulas, l’agence parisienne « 2017 ». « Depuis Paris, c’est difficile d’être pertinent sur ce qu’il se passe à Lyon », ironise l’Écologiste auprès de L’Arrière-Cour. Même son de cloche du côté de David Kimelfeld : « Je me demande parfois qui le conseille. Ses équipes sont complètement pilotées par Paris. J’ai du mal à comprendre qu’Aulas n’ait pas trouvé à Lyon quelqu’un qui connaisse vraiment le territoire. Ça risque de pécher quand ils vont être dans le dur de la campagne. » Invité par L’Arrière-Cour à répondre à ces piques, Roman Abreu, le coprésident de « 2017 », s’est contenté d’un sec « non ». La bave du crapaud lyonnais n’atteint pas la blanche colombe parisienne.
Publicité


Est-il possible de créer une police métropolitaine, comme le propose Jean-Michel Aulas ?
Jean-Michel Aulas planche sur un grand projet pour réformer la sécurité à Lyon : la création d’une police métropolitaine. Il souhaite aussi construire un hôtel des polices, un super-commissariat qui pourrait rassembler toutes les forces de l’ordre du territoire. Une mesure ambitieuse qu’il compte soumettre aux Lyonnais par le biais d’un référendum citoyen, mais qui pourrait se heurter au cadre légal. Décryptage.