
Une free party dans la Drôme, en 2022.
À Lyon, la techno rayonne à travers des festivals tels que Les Nuits sonores. Mais une scène plus discrète subsiste : les free parties. Ces fêtes autogérées, qu’on aperçoit dans la presse au détour de faits divers, sont un terrain de tensions dans la région. Entre l’argument sécuritaire des autorités et la défense d’une culture alternative par les participants, le fossé se creuse. Une enquête de Chiara Audureau.
À Feyzin, au sud de Lyon, la nuit du 15 mars 2025 s’est terminée dans un nuage de gaz lacrymogène. Près de 300 personnes s’étaient réunies dans un local désaffecté près de la raffinerie pour danser jusqu’à l’aube. Les forces de l’ordre ont tenté à plusieurs reprises de disperser la fête. En vain. L’intervention s’est soldée par plusieurs blessés des deux côtés. Pour les participants, cet épisode illustre une répression jugée démesurée. Pour la préfecture, il s’agit d’appliquer un arrêté interdisant ce type de rassemblement. Entre les deux, le dialogue s’étiole et les tensions se renforcent. Émilie*, 24 ans, fréquente les free parties depuis presque 10 ans. Pour rejoindre ces fêtes organisées dans des champs, des hangars ou des forêts à l’écart des villes, elle doit suivre les indications diffusées à la dernière minute par les organisateurs, généralement sur des messageries cryptées. Des soirées non déclarées et financées par les dons des participants, où elle a aussi coutume de croiser les forces de l’ordre : « Ils sont toujours là, à l'entrée pour nous empêcher de rentrer ; pendant, pour essayer de négocier l’arrêt du son ; ou à la sortie, pour mettre des amendes et faire des contrôles. »
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