
Que cultiverons-nous dans les décennies à venir ? À Lyon, cette question se pose avec d’autant plus d’acuité que, selon les estimations du GIEC et du portail DRIAS, nous pourrions, d’ici à 2050, vivre sous les températures actuelles de Madrid (voire d’Alger en 2100), avec des aléas plus imprévisibles au quotidien. Comment anticiper et garantir notre autonomie alimentaire, avec une alimentation diversifiée, de qualité, respectueuse de l’environnement et de l’humain ? Cela passe peut-être par le « haricot viande ». Ne le cherchez pas dans les rayons, ce haricot n’est pas (encore) commercialisé… Un article de Laetitia Chalandon, en partenariat avec le média culinaire et engagé
Mâchon pas les mots.Les légumineuses ont été progressivement sorties de nos assiettes, et le haricot viande, variété dite « de population » ou « paysanne », n’a pas fait exception. L’intensification agricole amorcée dans les années 1950 a conduit au déclin de la culture des légumineuses. De manière concomitante, la production de viande a augmenté, avec ses dérives et ses effets délétères sur l’environnement. En France, la consommation de légumes secs est passée de 7,3 à 1,4 kg par personne et par an entre 1920 et 1985. À peine un Français sur deux déclare en consommer au moins une fois par semaine. Or, les légumineuses pourraient répondre à bon nombre de problématiques liées à la production et à la diversification de notre alimentation locale.
Le haricot viande refait surface dans le cadre du programme européen DIVINFOOD[1]. Il est observé pour ses valeurs nutritives et ses propriétés d’adaptation aux terroirs et aux climats de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Un projet de cinq ans avec pour objectif de « coconstruire des filières courtes et de taille intermédiaire pour valoriser la biodiversité cultivée dans l’alimentation saine, à base de plantes », selon sa définition officielle. En clair : chercher des solutions pour manger plus sainement, rémunérer correctement les agriculteurs, produire sans polluer et associer les citoyens à la démarche.
Le projet est coordonné par Jean-François Tedesco, cocréateur de la plateforme Mes Producteurs Mes Cuisiniers : « Nous devons faire avancer les choses dans l’intérêt général, mais aussi de manière transversale. On est en train de créer une filière avec 300 g de graines, on a besoin de tout tester et de faire converger un maximum de regards