La Guill’

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L’un attiré par les couleurs lui rappelant son Chili natal, l’autre par la complexité culturelle d’un quartier dont il est « familier ». Celsor Herrera Nuñez et Karim Kal ont en commun de vouloir sortir la Guillotière des clichés médiatiques qui ne reflètent pas, à leurs yeux, la richesse d’un quartier populaire en pleine mutation. Le premier se confie dans cet article de Nicolas Delattre issu de la revue Chabe !, toujours disponible en librairie. La semaine prochaine : rencontre avec Karim Kal. Et entre temps, toute l'équipe de L'Arrière-Cour vous donne rendez-vous samedi 21 à partir de 19h30 au Mob Hôtel pour le lancement festif de l'appel à projets du numéro 2 de Chabe (sortie prévue en octobre 2023). 

En arrivant rue de Marseille pour la première fois voici une dizaine d’années, Celsor Herrera Nuñez tombe sous le charme. Depuis, le photographe retourne régulièrement à la Guillotière et ajoute de nouveaux clichés à sa série. « Avec le temps, j’ai pris mes habitudes, je descends à Jean-Macé puis je remonte vers les quais en passant place Mazagran. Ce qui m’attire le plus, c’est la luminosité, qui va parfois mettre en valeur des personnages, leur donner une théâtralité. Je recherche également le mouvement, cet homme au t-shirt bleu qui a une posture étrange, ces femmes au contraire plus relâchées… »

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CHABE au MOB HOTEL
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Sous ses yeux, la Guillotière est très différente de celle diffusée en boucle sur CNews ou BFMTV. Et ce n’est pas un hasard si ses couleurs rappellent l’Amérique latine. « Je ne viens pas dans une logique de reportage. J’ai conscience de tout ce qui se passe à la Guillotière, mais mon travail est plutôt d’évoquer par petites touches, de montrer qu’il y a aussi un “vivre ensemble”, bien qu’il soit particulier, du fait de sa complexité. »

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Ce qui préoccupe Celsor Herrera Nuñez, ce serait plutôt une certaine gentrification de ce cœur populaire de l’agglomération qu’est la Guillotière. « Il suffit de regarder la rue de Marseille. Les dernières petites boutiques sont remplacées par des enseignes sans âme. Le réparateur de TV Grande rue de la Guillotière a disparu… On perd en identité, il y a un côté dévitalisé. » Nicolas Delattre

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