Les Bijoux

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Vieillir ensemble, c’est parfois continuer à s’aimer quand il faut devenir un « aidant » pour son conjoint. Antoine Merlet a suivi pendant deux ans la grande histoire d’amour d’Aimé et Huguette, qui ont eu, chacun à leur tour, à s’occuper de l’autre. Un article signé Nicolas Delattre, à retrouver dans la revue Chabe !, disponible en librairie.

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CHABE au MOB HOTEL

« Aimé m’a toujours dit qu’ils étaient faits pour être ensemble, c’étaient deux fêtards, précieux, c’est d’ailleurs pour ça que leurs amis les appelaient “les bijoux”. » Photojournaliste habitué à travailler sur l’actualité, Antoine Merlet a été touché par l’histoire d’Aimé et Huguette, un couple d’octogénaires qu’il a suivi pendant deux ans. Huguette était atteinte de la maladie d’Alzheimer, Aimé l’aidait dans toutes les tâches du quotidien, malgré ses propres difficultés, séquelles de dizaines de séances de chimiothérapie et d’un cancer qu’il a combattu durant les 15 dernières années. D’abord, c’est elle qui l’a aidé. Et quand elle en a eu besoin, c’est lui qui est devenu un « aidant », avec le rythme quotidien des activités imposées : lui préparer son repas, lui faire prendre sa douche, l’habiller, la coiffer… « Il est devenu le prolongement d’Huguette, son double par amour », raconte le photographe.

Il faut beaucoup de patience, ne pas dire “ça fait 10 fois”, mais toujours rester positif, reprendre doucement : peut-être ne t'ai-je pas dit, c'est moi qui ai oublié » (Aimé)

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À leur contact, Antoine Merlet a découvert « une relation surprenante entre l’aidant et l’aidé, aussi belle que douloureuse. C’est un sujet qu’on ne connaît pas tant qu’on n’y a pas été confronté ; le seul moyen était donc d’y aller en immersion, en se plongeant dans l’intimité de leur couple. » Avec le temps s’est noué un lien de confiance. « Ce qui est beau dans leur relation, c’est qu’il s’agit d’une relation d’amour avec tous ses bons et ses mauvais côtés. Ce sont des gens attentifs à l’autre mais qui s’oublient. Aimé m’a dit qu’il écrivait beaucoup sur son rôle d’aidant, c’était son exutoire. Toutes les légendes des photos, ce sont ses mots, je trouvais ça important de les intégrer. Cela donne une certaine cohérence à la scène, comme si c’étaient ses pensées au moment de l’action captée par l’appareil. »

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