engagements face aux accords de Paris ».
3e circonscription : Garin en quête de « maturité »

Députée à 26 ans, Marie-Charlotte Garin était celle auprès de qui tous les grands élus écologistes de l’agglomération voulaient s’afficher hier soir. Il lui faudra apprendre à s’imposer : arrivé en préfecture à son côté, le maire de Lyon, Grégory Doucet, a eu tendance à attirer les questions des journalistes. Elle se réjouit en tout cas de la situation politique nouvelle, qui est à ses yeux « une façon de retrouver un système démocratique plus sain. La démocratie pourra vivre au pluriel, à nous députés d’être à la hauteur pour faire de cette assemblée une assemblée constructive ». Elle semble estimer que des compromis sont possibles, à commencer par la première loi sur le pouvoir d’achat, si la majorité « fait preuve de maturité ».
Sa rivale, Sarah Peillon, voulait voir dans ses scores la promesse de lendemains meilleurs pour la majorité présidentielle à Lyon : « On a fait un excellent score dans les 3e et 8e arrondissements, donc c’est prometteur pour l’avenir. Le report de voix a lui aussi bien marché. Ceci dit, la sociologie de cette circonscription fait que mon adversaire est élue, mais on est plutôt satisfaits de ce qui s’est passé pour le second tour. »
4e circonscription : Brugnera en appelle à « l’esprit de responsabilité »

Le vrai match dans cette circonscription ancrée au centre-droit avait eu lieu au premier tour : en éliminant le maire du 6e, Pascal Blache (LR), Anne Brugnera savait qu’elle devait passer une soirée tranquille… Elle a eu du coup tout le temps de s’inquiéter des résultats de ses collègues de la majorité un peu partout en France et des conséquences que cela aurait à l’Assemblée nationale. « Avec plus de députés LFI, on savait que ce serait difficile… Mais là… Depuis cinq ans, on a réussi à travailler parfois avec les communistes et les socialistes, mais les insoumis jamais. Ils sont dans la posture de 9h du matin jusqu’à minuit, c’est fatigant. Je suis juste curieuse de voir ce que cela donnera sans Jean-Luc Mélenchon, qui était celui qui parlait le plus. » Elle ne se résout cependant pas à une situation de blocage et ne veut pas, pour l’instant, envisager de dissolution dans un an (ou même plus tôt) : « Je pense que, sur le pouvoir d’achat ou sur le climat, nous pouvons nous entendre. Les députés de la Nupes proposeront des amendements et nous discuterons… À chacun de faire preuve de responsabilité. » L’autre inconnue sera à ses yeux l’attitude du RN, qui, elle l’espère, n’aura pas la présidence de la commission des finances, dévolue au principal groupe d’opposition. « Au moins, les élus LFI bossent. Les RN, jusqu’à présent, on ne les a pas beaucoup vus… »
5e circonscription : la double revanche de Brocard

Avec plus de 67% des suffrages exprimés, Blandine Brocard est la députée la mieux élue du Rhône. Une belle revanche pour celle que ses adversaires avaient qualifiée de « députée fantôme ». Elle retrouve l’Assemblée nationale où ne siégera plus Richard Ferrand, qui l’avait brocardée pour ses positions iconoclastes sur l’obligation vaccinale, au sein d’une majorité où ses positions conservatrices, notamment sur la PMA, seront moins isolées. La défaite est nette pour son adversaire socialiste, Fabrice Matteucci : si le premier tour avait nourri ses ambitions municipales à Caluire, le second rappelle que la marche est encore bien haute pour la gauche dans la commune-centre de cette circonscription, où il n’obtient que 37,56% des voix.
6e circonscription : la gauche de « l’empêchement »

« Je suis ravi que Villeurbanne retrouve un député de gauche, parce que cela nous avait manqué. » Arrivé à la préfecture avant son député, le maire PS de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael, avait manifestement à cœur de rappeler qu’il avait été l’un des grands promoteurs d’une union de la gauche qui a réussi son pari hier. « Emmanuel Macron a organisé sa défaite en ne faisant pas campagne, il a commis une faute politique et morale en ne donnant pas de consignes claires vis-à-vis du RN », ajoutait-il à l’unisson d’un autre Villeurbannais, Bruno Bernard (EELV), plutôt remonté hier même s’il saluait l’élection de « quatre députés de gauche dans le Rhône au lieu de 0 en 2017, et la constitution d’un groupe écologiste ». Le président de la Métropole fustigeait « la déroute et le déshonneur du président Macron » et voyait dans le résultat une forme « d’agonie de la Ve République ». Pour sa part, Cédric Van Styvendael annonçait une opposition qui sera « dans l’empêchement » vis-à-vis des réformes sociales souhaitées par le gouvernement, et regrettait déjà de « perdre cinq ans de plus pour la transition climatique et la lutte contre les inégalités sociales ». Très heureux de sa victoire, l’insoumis Gabriel Amard promettait quant à lui de « redonner son sens au rôle de député », avec les « ateliers des lois » qu’il compte animer dans sa circonscription.
7e circonscription : Vincendet, le LR « constructif »

Si LR a nationalement annoncé son intention de rester dans l’opposition, son président départemental Alexandre Vincendet se veut beaucoup plus constructif. Soutenu officiellement par la majorité présidentielle au second tour face à l’enseignant de la NUPES Abdelkader Lahmar, le bientôt ex-maire de Rillieux-la-Pape ne cachait pas son émotion hier et promettait de « participer au redressement du pays » : « Je ne participerai pas à un blocage soit à l’extrême-droite, soit à l’extrême-gauche, de l’Assemblée », assurait-il. Les députés de la majorité présidentielle avaient d’ailleurs tendance à le compter dès dimanche soir comme l’un des leurs.
8e circonscription : la majorité mise sous Serre

Dominique Despras, ancien président de la Chambre d’agriculture du Rhône, échoue d’un cheveu à répondre à l’appel du président de la République. Guettant manifestement les profils atypiques à même de le réconcilier avec la France rurale, Emmanuel Macron s’était en effet fendu d’un coup de fil pour convaincre cet amateur de course à pied, patron d’une petite ferme bio et locale. En face, Nathalie Serre (LR) a fait le bonheur de la droite locale, arrivée massée autour d’elle et d’Alexandre Portier. « On a fait 3 sur 3 dans le Rhône », comptabilisait l’ancien député de la circonscription, Patrice Verchère. C’est peut-être un détail mais pour LR, c’est déjà beaucoup après le fiasco de l’élection présidentielle.
9e circonscription : Méjean prend la porte

Ardéchois d’origine et président des jeunes avec Macron, Ambroise Méjean pensait avoir trouvé dans le Beaujolais un territoire idéal pour un parachutage. Il a fait le choix d’une campagne « nationale » en faisant venir le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti. Sa défaite a des allures de déroute. À 32 ans, Alexandre Portier (LR) prend la succession de 45 années de dynastie Perrut, père et fils. Il incarne l’avenir d’une droite qui se veut implantée sur le territoire, et promet de continuer à « faire le tour des 65 communes de sa circonscription » pour « écouter » et « réconcilier ».
10e circonscription : l’écologie version Macron

Thomas Gassilloud est réélu sans grande surprise. « Déjà au travail sur la transition énergétique », comme il l’assure, le député sortant espère trouver des majorités à l’Assemblée pour permettre une décarbonation de la France grâce au développement des énergies renouvelables. Pour y parvenir, il évoque la nécessité « d’investir dans la recherche et le développement de l’hydrogène comme alternative au pétrole ». Largement battue, sa concurrente issue de la NUPES, Michèle Edery, veut voir malgré tout des raisons d’espérer pour la gauche dans ce territoire : « Thomas Gassilloud perd énormément de voix entre 2017 et aujourd’hui, c’est pour nous la promesse d’un avenir où l’on pourra reconstruire avec les forces de gauche. »
11e circonscription : Fugit facile

« Finir en tête aux premier et second tours, c’est déjà une satisfaction qui à la fois m’honore et m’oblige », indique Jean-Luc Fugit, député sortant Ensemble réélu sans difficulté. Membre de la commission développement durable et aménagement du territoire, il espère y rester et mise comme son collègue Gassilloud sur une accélération des énergies renouvelables : « Il faut agir vite et fort en mettant notamment en place des simplifications pour les installations photovoltaïques. »
12e circonscription : Isaac-Sibille sans rival

L’échec au premier tour du maire de Pierre-Bénite, Jérôme Moroge (LR), lui a ouvert un boulevard. Reconduit sans surprise, le médecin Cyrille Isaac-Sibille (Modem) assure qu’il continuera son travail sur la santé publique : « J’ai une approche populationnelle de la santé en fonction des déterminants comme l’éducation. Dans la 12e circonscription, il y a de vrais enjeux comme l’eau et l’alimentation. Il va falloir créer des normes », défend-il, espérant que ces sujets pourront faire écho au-delà de la majorité présidentielle…
13e circonscription : à l’Est, le renouveau

Le Rhône n’enverra pas de député antispéciste à l’Assemblée nationale. Proche d’Aymeric Caron qui a été élu à Paris, Victor Prandt (Nupes) est en effet nettement battu. En prenant la succession de Danièle Cazarian dont elle était attachée parlementaire, Sarah Tanzilli sera le seul nouveau visage envoyé à l’Assemblée par la majorité présidentielle dans le Rhône. Dans un contexte des plus complexes. « Certes, la majorité n’est pas absolue, mais il semblerait qu’elle soit relative. Je pense qu’il est présomptueux de parler d’échec », dédramatisait-elle à chaud, pour ses premiers mots de députés, hier soir. Pour avoir été « l’oreille » de sa députée dans la circonscription, elle assure qu’il y a dans l’Est lyonnais « beaucoup de familles monoparentales et des mères célibataires », dont elle promet de porter les préoccupations à l’Assemblée : « Je souhaite travailler sur une extension des gardes d’enfants et une adaptation des conditions de travail pour ces familles qui ont besoin de plus de souplesse que d’autres. »
14e circonscription : le plus discret l’emporte

Dans une circonscription qui a cumulé les polémiques et les candidats bateleurs toute la campagne, c’est finalement celui qui aura été le plus discret, voire invisible, qui l’emporte. L’actuel député de la majorité présidentielle, Yves Blein, cède en effet son siège au profit d’Idir Boumertit (Nupes). Déclinant toutes les invitations médiatiques durant la campagne, le nouveau député insoumis ne s’est pas montré plus prolixe hier soir : comme au premier tour, il est le seul député du Rhône a avoir fait l’impasse sur un passage à la préfecture, où sont traditionnellement réunies toutes les rédactions. C’est Grégory Doucet, le maire de Lyon, qui a donc parlé à sa place, se réjouissant qu’en plus des deux victoires écologistes lyonnaises, « la 6e et la 14e circonscriptions [aient] été conquises. Il y a de quoi se réjouir de ces excellents résultats, mais bien évidemment, maintenant c’est à l’Assemblée que ça va se jouer. » Et c’est effectivement dans les prochaines semaines à l’Assemblée que l’on verra à quoi aura réellement conduit un scrutin au résultat sans équivalent dans toute la Ve République.
Julia Blachon, Margaux Courbon et Maxence Depienne, avec RRF