oïc Terrenes.
3e circonscription : Marie-Charlotte Garin, la nouvelle star

Sarah Peillon (En Marche) savait que la succession du député sortant Jean-Louis Touraine ne serait pas aisée dans ces quartiers qu’elle connaît bien et qui penchent de plus en plus à gauche. Mais elle ne s’attendait sans doute pas à être autant devancée par la jeune candidate écologiste Marie-Charlotte Garin. Sauf retournement complet de la dynamique électorale cette semaine – pas tout à fait impossible si l’on se souvient des précédents scrutins –, la Nupes devrait compter une députée de plus à Lyon dimanche prochain. À 26 ans, elle deviendrait à coup sûr l’une des plus jeunes députées de l’histoire lyonnaise. Même l’illustre politologue Paul Bacot n’a « pas le souvenir » d’une ou d’un Lyonnais.e élu.e plus précocement à l’Assemblée.
4e circonscription : le nouvel échec de Pascal Blache (LR)

Le maire du 6e incarnait les espoirs de la droite lyonnaise dans une circonscription favorable. Pascal Blache (LR) finit pourtant très loin du second tour, l’écologiste Benjamin Badouard (Nupes) obtenant même près du double de voix. Dans ce contexte, on voit mal ce qui pourrait empêcher la députée sortante Anne Brugnera de retrouver les bancs de l’Assemblée nationale. Mais elle devrait être moins entourée : en 2017, la majorité présidentielle avait obtenu les quatre sièges lyonnais ; cinq ans plus tard, elle pourrait être la seule rescapée.
5e circonscription : Philippe Cochet a bien fait de renoncer

Le maire de Caluire, Philippe Cochet (LR), avait renoncé, au soir du premier tour de la présidentielle, à tenter de reprendre son siège de député à la macroniste Blandine Brocard, qui l’avait battu voici cinq ans. Pour préparer l’avenir, il avait lancé son jeune conseiller municipal Bastien Joint. Le premier tour des législatives confirme que la droite est en recul dans cette circonscription qui était autrefois l’un de ses fiefs. Même à Caluire, le candidat LR n’arrive que 3e, derrière la députée sortante et même le socialiste Fabrice Matteucci qui enregistre ici l’un de ses meilleurs scores (27,35% contre 31,55% pour Blandine Brocard et 21,49% pour Bastien Joint). « On souhaite montrer à nos concitoyens de la 5e circonscription qu’on est une véritable réponse à la politique d’Emmanuel Macron », clame Fabrice Matteucci, qui a peu de chances dimanche prochain mais pourrait en avoir un peu plus aux municipales de 2026.
6e circonscription : Jean-Paul Bret n’a pas compté

Le maire de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael (PS), avait eu un peu de mal à digérer le parachutage dans sa ville du gendre de Jean-Luc Mélenchon, Gabriel Amard. Mais il avait fini par se résoudre à lui apporter son soutien, au grand dam de son prédécesseur Jean-Paul Bret (PS) qui s’est alors mobilisé pour la PRG Katia Buisson. Les électeurs de gauche ont malgré tout fait le choix de l’union et de la Nupes. « Rien n’est encore joué ! », a clamé le maire de Villeurbanne. « J’appelle l’ensemble des Français à aller voter le dimanche 19 juin pour atteindre cette majorité à l’Assemblée nationale. » Dans sa ville, le second tour ne devrait être qu’une formalité, tant la candidate de droite Emmanuelle Haziza semble distancée.
7e circonscription : le fiasco d'Anissa Khedher

17,37% : c’est l’un des plus mauvais scores en France réalisés par un.e député.e sortant.e réinvesti.e par la majorité présidentielle. Signe qu’elle n’a pas convaincu les électeurs de la 7e circonscription de la qualité de son investissement à leur service, Anissa Khedher fait ainsi moins que Jean-Michel Blanquer dans le Loiret. Elle pourrait cependant avoir la clé du second tour : ses électeurs préféreront-ils le candidat investi par la Nupes, Abdelkader Lahmar, arrivé largement en tête ? Ou l’ambitieux maire de Rillieux-la-Pape, Alexandre Vincendet, président de LR dans le Rhône mais réputé « Macron-compatible » et plus proche d’Édouard Philippe que de Laurent Wauquiez ?
8e circonscription : Dominique Despras, le bon choix de Macron ?

Pour conquérir l’une des rares circonscriptions à lui avoir échappé dans le Rhône il y a cinq ans, La République en Marche a misé cette fois sur Dominique Despras, ancien président de la Chambre d’agriculture du Rhône. Son discours axé sur la mise en valeur du rural semble avoir porté, puisqu’il termine largement en tête. Les Républicains se disent malgré tout confiants pour leur candidate Nathalie Serre, qui avait succédé en cours de mandat à Patrice Verchère.
9e circonscription : passage de flambeau réussi pour la droite ?

Le jeune et ambitieux Ambroise Méjean avait misé sur cette circonscription du Beaujolais, ciblée comme possible à conquérir pour la majorité présidentielle. Il s’en est fallu de peu qu’il se prenne les pieds dans le tapis, puisqu’il a moins de deux points d’avance sur la candidate de la Nupes, Mylène Dune. Alexandre Portier (LR), adoubé par le député sortant Bernard Perrut, aborde le second tour avec une avance nette mais aucune certitude.
10e circonscription : la Nupes crée la surprise

« C’est historique : la gauche n’est jamais arrivée au second tour dans la 10e circonscription », se félicite Michèle Edery, candidate Nupes, arrivée en deuxième position avec 22,56% des voix. Un score d’ailleurs célébré par Renaud Payre (EELV), vice-président de la Métropole : « La gauche est de retour dans la dixième ! » Dans une circonscription historiquement de droite, l’élimination de Sophie Cruz (LR) devrait faire les affaires du député macroniste sortant Thomas Gassilloud, qui a réalisé au premier tour le meilleur score pour la majorité présidentielle dans le Rhône. Malgré l’absence de candidat RN, Agnès Marion (Reconquête) était très déçue de ne terminer qu’à la 4e place dans une circonscription où Marine Le Pen avait obtenu 35% au second tour de la présidentielle.
11e circonscription : le RN éliminé

« Je suis très ému. Je pensais que je ferais un bon score mais pas aussi élevé. » C’est en ces termes que Michel Dulac, le candidat RN, a commenté son score au soir du premier tour. Il n’obtient pourtant qu’un tiers des suffrages qui s’étaient portés sur Marine Le Pen à l’élection présidentielle, et échoue à se qualifier pour le second tour. Arrivé largement en tête, le député sortant Jean-Luc Fugit (LREM) l’abordera en position nettement favorable face au candidat de la Nupes, Abdel Yousfi.
12e circonscription : l’effet Wauquiez n’a pas fonctionné

Le maire de Pierre-Bénite, Jérôme Moroge (LR), avait fait campagne en affichant sa proximité avec Laurent Wauquiez, convaincu que le président de la Région incarnait l’avenir de la droite française. C’est raté : il est éliminé du second tour par le candidat Nupes, Jean-François Baudin, qui le talonne même à Pierre-Bénite où le maire n’est en tête qu’avec une dizaine de voix d’avance (30,7% contre 30,3%). Cela devrait faire les affaires du député macroniste sortant, Cyrille Isaac-Sibille (Modem).
13e circonscription : à sept voix près…

Malgré les 41% réalisés ici par Marine Le Pen à la présidentielle, le RN sera absent du second tour. Cela s’est joué à un cheveu, son candidat Alain Péchereau ayant été devancé de sept voix par celui de la Nupes, Victor Prandt. Bien qu’il ait enregistré un bon score dans sa commune (33,3%), le maire LR de Saint-Priest, Gilles Gascon, ne finit qu’à la 4e place. Pour battre la candidate de la majorité présidentielle, Sarah Tanzilli, qui semble nettement favorite, Victor Prandt mise sur les abstentionnistes et le vote contestataire : « Je pense qu’il va y avoir une grosse mobilisation et que les gens vont se dire qu’il y a encore un espoir face à Macron, car il y a une vraie détestation de ce qu’il a fait pendant cinq ans. »
14e circonscription : la discrétion récompensée

Candidat investi par la Nupes après le retrait de l’investiture à Taha Bouhafs, Idir Boumertit a fait le choix d’éviter les questions dérangeantes en refusant la plupart des interviews et propositions de débat. Les électeurs ne lui en font pas grief, puisqu’il finit largement en tête dans une circonscription qui n’a pas valorisé les candidats les plus polémiques. Policier « en colère » et star chez Cyril Hanouna, Bruno Attal (Reconquête) assure malgré tout ne pas être déçu de son score : « Je m’en sors plutôt bien sur cette circonscription qui est difficile. Ce qui m’embête, c’est au niveau national, je pensais qu’on aurait plus de voix. » L’autre policier du scrutin, le RN Damien Monchau, ne cache pas son amertume, quant à lui : « L’implantation est là, on a réalisé un score de presque 22%. Mais le parachutage du candidat Reconquête a impacté l’élection. Je me retrouve privé d’un second tour qui aurait dû me revenir. » Qualifié pour le second tour, le député sortant Yves Blein (En Marche) l’aborde malgré tout en position assez défavorable, avec bien peu de réserves de voix.
Julia Blachon, Margaux Courbon et Maxence Depienne