
Abaissement de la vitesse à 30 km/h, interdiction des véhicules les plus polluants, piétonnisation du centre-ville… S’il faudra attendre 2023 pour la concrétisation de nombreux grands chantiers de la Ville et de la Métropole lyonnaise, certains projets vont d’ores et déjà impacter le quotidien des habitants.
L’Arrière-Cour
dresse pour vous une liste non exhaustive de ces grandes nouveautés. Une enquête menée par Julia Blachon et illustrée par Sandrine Deloffre.Lyon passera en « zone 30 » à compter du 30 mars 2022
Dans moins de trois mois, la vitesse de circulation au sein de la ville de Lyon sera abaissée à 30 km/h, à l’exception de certains axes très circulants qui resteront à 50 km/h (on ignore encore lesquels). Selon les élus de la Ville, cette mesure répond à trois enjeux majeurs : « Cela permettra de réduire les nuisances sonores liées à la circulation, de limiter les effets de la pollution, mais aussi de réduire les nombres d’accidents », déclare Grégory Doucet, maire (EELV) de Lyon.
Pour Fabien Bagnon, vice-président (EELV) de la Métropole à la voirie et aux mobilités actives, « ce n’est que le début ». Il a en effet écrit à l’ensemble des maires de la métropole pour leur proposer de passer leur commune en zone 30. Une mesure adoptée dans les villes d’Oullins et de Poleymieux, et qui devrait être appliquée à La Mulatière dans le courant de cette année. Avant la fin du mandat, Fabien Bagnon souhaite que plus des deux tiers des habitants résident dans une commune à zone 30.
L’opposition a déjà prévu de monter au créneau face à cette mesure. Jugée « automobilicide » par Yann Cucherat (centre), le président du groupe Pour Lyon, la zone 30 vise selon lui à supprimer l’usage de la voiture en ville : « Apporter des solutions alternatives, comme le développement de transports en commun, serait plus judicieux. » Pour Georges Képénékian (centre gauche), président du groupe Progressistes et Républicains, la zone 30 n’est qu’un moyen de « repousser le problème en dehors de la ville de Lyon ». « Pour qu’elle soit efficace, il faudrait repenser la zone 30 sur l’ensemble de l’agglomération lyonnaise », précise-t-il.
Interdiction de circulation pour les véhicules les plus polluants
En juillet 2022, la Métropo…
le de Lyon élargira le périmètre automobile de la
zone à faibles émissions (ZFE). Limitée jusqu’à présent aux véhicules professionnels, elle s’appliquera dorénavant à l’ensemble de la population. Les automobilistes bénéficiant d’une vignette Crit’Air 5 ou sans vignette auront donc l’interdiction de circuler et de stationner à Lyon, Caluire et dans une partie de Villeurbanne, de Bron et de Vénissieux.
Entre 2023 et 2026, l’interdiction progressive de la circulation et du stationnement concernera les véhicules classés Crit’Air 4, 3 et 2. D’ici à 2026, l’objectif affiché par la majorité écologiste à la Métropole de Lyon est d’interdire à la circulation l’ensemble des véhicules diesels à l’intérieur de la ZFE.
Pour l’opposition, le calendrier d’interdiction à la circulation des véhicules diesels, tel que proposé par la Métropole, ne passe pas. Il va « beaucoup trop vite » selon Yann Cucherat et David Kimelfeld (centre gauche), ancien président de la Métropole, qui déplorent un manque de mesures alternatives. « Ce sont les personnes les plus excentrées du centre-ville, et donc souvent les moins aisées, qui utilisent la voiture pour aller travailler », note Yann Cucherat. « Et c’est à elles qu’on demande de changer de véhicule ! Tout ça sans mesure d’accompagnement viable. »
Ouverture de la concertation pour la piétonnisation
Après de nombreuses expérimentations, notamment au travers de l’opération « La voie est libre » dans le cadre de laquelle la Presqu’île de Lyon avait été entièrement piétonnisée, la Ville compte pérenniser cette action au cours de l’année 2022. Des concertations sont prévues dans les mois à venir pour en définir le périmètre. Pour le maire de Lyon, qui s’est exprimé dans Les Coulisses du Grand Lyon, l’objectif n’est pas de « lutter contre les voitures, mais de faire en sorte que les piétons puissent se déplacer dans la ville de manière confortable et sécurisée ».
Aux yeux de Valentin Lungenstrass, adjoint au maire (EELV) à la mobilité, à la logistique urbaine et aux espaces publics, un équilibre sera à trouver entre « l’accès riverains et le secteur piéton », à l’image des « zones à trafic limité » (ZTL) en Italie. Il y aura donc des dérogations pour les riverains, les commerçants, les livreurs, etc. « Mais pour tout le reste, ce sera non ! », assène-t-il.
2022 : l’année des choix pour les métros et le téléphérique
Au printemps, le Sytral fera connaître sa décision quant aux projets de métro. Le prolongement des lignes A, B et D et la création de la ligne E sont actuellement en discussion. Les premiers résultats de la concertation, lancée à l’automne 2021, priorisent le prolongement de la ligne B vers Rillieux-la-Pape et la création de la ligne E, reliant le centre de Lyon à la gare d’Alaï, à Tassin-La-Demi-Lune. Toutefois, selon Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la Métropole chargé des transports, ces lignes ne seront pas « telles qu’on peut les imaginer » : « Pour les territoires qui ont un besoin fort de mobilité, notamment sur le corridor du métro E dans le 5ème arrondissement et Caluire/Rillieux nous allons étudier un projet de métro “léger”, c’est-à-dire à la fois aérien et souterrain. » Des solutions de mobilité devraient également être apportées pour les deux autres lignes de métro dans les 20 prochaines années.
Le projet du téléphérique, porté principalement par les élus écologistes, devrait être fixé sur son sort à la fin du premier trimestre de 2022. Ce projet qui doit relier Lyon à Francheville a provoqué de nombreux débats. Il inquiète en effet les riverains dont les maisons seront survolées par le dispositif. Après de nombreuses mobilisations, le projet du téléphérique semble plutôt mal engagé. La concertation qui prendra fin le 15 février sera, à ce titre, déterminante.
Construction du premier tronçon des Voies lyonnaises
L’année 2022 sera aussi marquée par le début de la construction des Voies lyonnaises, des pistes cyclables initiées par Fabien Bagnon et qui auront pour but de relier l’ensemble de la métropole lyonnaise.
Le premier tronçon de la ligne 1, qui reliera à terme Vaulx-en-Velin et Saint-Fons sur plus de 20 km, sera livré sur la rive gauche du Rhône entre les ponts Winston-Churchill et Lafayette. Un axe qui détient d’ailleurs le record de France de la fréquentation de vélos, avec plus 2,5 millions de cyclistes comptabilisés entre janvier et septembre selon la Ville de Lyon.
Mais la Métropole ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « D’ici à 2030, c’est plus de 355 kilomètres de pistes cyclables et 13 lignes qui verront le jour », avait en effet déclaré Fabien Bagnon lors du lancement du projet.
Cette annonce qui avait plus ou moins fait l’unanimité à l’origine, commence doucement à faire grincer des dents. Certaines pistes cyclables risquent de réduire l’espace de circulation des voitures et de créer des embouteillages, prévient Yann Cucherat. Pour Christophe Geourjon (UDI), conseiller métropolitain, il convient en outre de ne pas oublier les pistes cyclables de proximité : « Les Voies lyonnaises, c’est une bonne chose mais, si on ne développe pas les pistes cyclables de proximité, on risque de diviser son efficacité par deux ! »
Lyon inaugurera cet été la première fête de l’eau
En plus de la traditionnelle Fête des lumières, Grégory Doucet a exprimé son souhait d’organiser une « célébration de l’eau », dont la première édition aura lieu le premier week-end de juillet. Pour le moment, rien de bien fixé sur l’organisation de l’événement, même si le maire imagine une « grande fête populaire » ressemblant à un carnaval, avec des joutes fluviales à la fois sur la Saône et sur le Rhône. Pour Grégory Doucet, cette fête doit accompagner la transition écologique : « En plus des activités nautiques et aquatiques et du grand festival, ce sera l’occasion d’évoquer les écosystèmes fluviaux ainsi que les ressources en eau et en biodiversité du Rhône et de la Saône. »
Végétalisation de l’espace public et des collèges
En 2021, la Métropole de Lyon avait planté trois boisements urbains, à Saint-Priest, Sathonay-Camp et Caluire-et-Cuire. Pour 2022, elle compte planter trois à quatre petites forêts supplémentaires, notamment à Feyzin et Corbas. La plus grande devrait couvrir 18.000 m².
Comme a pu le faire la mairie de Lyon avec les écoles primaires et notamment à La Sauvagère, dans le 9e arrondissement, les collèges devraient eux aussi être revégétalisés et notamment ceux de Rillieux-la-Pape, Lamartine à Villeurbanne, Olivier-de-Serres à Meyzieu et Raoul-Dufy dans le 3e.
100% bio dans les cantines ?
La Ville de Lyon s’est engagée à privilégier un approvisionnement local dans les cantines scolaires. L’objectif annoncé par Grégory Doucet dans un communiqué de presse est d’atteindre 50% de produits bios en 2022, jusqu’à 75% dans quatre ans et 100% dès que cela sera possible.
Le second axe développé par la mairie est de favoriser les menus végétariens au sein des cantines. À partir du mois de septembre 2022, les familles se verront proposer deux menus pour leurs enfants : l’un avec de la viande ou du poisson, l’autre entièrement végétarien, avec des protéines végétales.
La Région prépare un « bouton d'alerte »
Lutte contre le harcèlement et les violences faites aux femmes, sécurisation des commerces et des lycées …. Du côté de la Région, la priorité est mise sur la sécurité pour 2022.
« Avec une vingtaine d’associations, nous travaillons sur un « bouton d’alerte », permettant à toutes les femmes de lancer un SOS quand elles sont en difficultés », explique Renaud Pfeffer, le vice-président en charge de la sécurité à la Région Auvergne Rhône-Alpes. Selon lui, cet outil pourra se ranger dans une poche, un sac à main, un porte-clés ou encore derrière une bretelle de soutien-gorge. « Elles pourront sélectionner cinq contacts prioritaires qui leur permettront soit de faire intervenir les forces de l’ordre, soit d’appeler un proche », ajoute ce dernier.
Le même dispositif devrait également être distribué chez les commerçants qui le souhaitent dans l’objectif de prévenir les braquages, les vols ou les agressions. Cette fois, le « bouton d’alerte » mettra en relation la police municipale et le commerçant. « Nous avons déjà beaucoup de demandes dans la commune de Saint-Genis-Laval par exemple, mais aussi dans de nombreuses petites communes », précise Renaud Pfeffer.
Des changements devraient aussi voir le jour aux abords des lycées. Une brigade régionale de sécurité (BRS) sera en effet chargée de renforcer la sécurité et la sureté aussi bien à l’intérieur qu’aux abords des lycées qui le demandent.
Julia Blachon

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