Endométriose : un nouveau cycle à Lyon ?

Cacher un tampon dans sa poche pour changer sa protection aux toilettes. Avoir honte de tacher son pantalon. S’inquiéter de l’odeur. Baisser la voix pour demander une serviette hygiénique. Ne pas dire LE mot. Mais plutôt « Anglaises qui débarquent ». « Ragnagna ». « Ma semaine ketchup ». « Trucs ». « Indisposée ». Ne pas nommer les règles, c’est nier leur existence.

Sang tabou

En 2021, les règles, ce fluide sanglant s’écoulant naturellement entre les jambes plusieurs jours par mois, de manière plus ou moins abondante, restent un sujet tabou dans le monde entier. Les études d’anthropologues et ethnologues, comme celles de Françoise Héritier, montrent que ce tabou universel daterait du néolithique et de l’instauration d’un système patriarcal, lequel structure, depuis, la grande majorité des sociétés humaines.

« Les menstrues chez la femme sont la forme inachevée et imparfaite du sperme », écrit-elle dans son texte « Le sang du guerrier et le sang des femmes ». Quand les grandes religions monothéistes ne déclaraient pas la femme impure leurs jours de menstrues, des croyances émergeaient, toutes plus absurdes les unes que les autres (elles feraient aigrir le vin, elles rendraient les terres stériles, elles enrageraient les animaux, etc.). Aristote parlait aussi de « la femme (comme) un être incomplet et inférieur », un « réceptacle » à la substance fécondante du mâle. Le sexe faible, le fameux.

La femme subit le sang qui coule. L’homme, quant à lui, possède une force physique et peut décider de faire couler le sang de l’ennemi. D’un côté l’impure, de l’autre le pur. La dualité passive-actif, selon Françoise Héritier : « Ce qui est valorisé alors par l’homme, du côté de l’homme, est sans doute qu’il peut faire couler son sang, risquer sa vie, prendre celle des autres, par décision de son libre arbitre ; la femme “voit” couler son sang hors de son corps (…) et elle donne la vie (…) sans nécessairement le vouloir ni pouvoir l’empêcher. Là est peut-être le ressort fondamental de tout le travail symbolique greffé aux origines sur le rapport des sexes. » Les règles sont un enjeu de la lutte pour les droits des femmes.

Changer les règles

Élise Thiébaut, journaliste et autrice de plusieurs livres ultradocumentés sur le sujet (dont Ceci est mon sang, Petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font, La Découverte, 2017), pointe aussi ce tabou, cet « instrument de domination des hommes sur les femmes », afin d’en faire un « instrument de libératio

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