
Comme promis, voici la seconde surprise que L’Arrière-Cour vous a concoctée pour l’été. La guide Maud Priouzeau et l’écrivain Raphaël Bischoff ont de nouveau associé leurs talents pour vous proposer une nouvelle haletante, qui interroge cette fois la diversité des statuts des Lyonnaises à l’âge d’or de Lugdunum, capitale des Gaules. Elle est illustrée par une talentueuse autrice lyonnaise, Elléa Bird, dont on vous recommande au passage chaudement son
Hippie Trail, qui vient de sortir chez Steinkis. Le secrétariat de rédaction a été assuré par Vincent Degrez. Bonne lecture.In vino veritas
(Remarque : l’astérisque suivant certains termes renvoie au lexique en fin de nouvelle.)
Lugdunum, 1er siècle apr. J.-C.
Si Marcia Antia avait deviné qu’elle vivait son dernier jour, elle n’aurait pas ouvert les volets de sa taberna*. Elle n’aurait pas arrangé la présentation de ses victuailles avant la venue des premiers chalands.
Mais dans l’ignorance de sa tragédie, comme tous les jours, elle réapprovisionna ses amphores de vin, d’huile d’olive et de garum*. Elle remplit deux carafes de vin et les plaça sur le comptoir. Puis elle aligna quelques bols d’olives nouvellement arrivées, afin que les clients puissent accompagner leur dégustation.
Marcia n’avait pas terminé son agencement qu’elle entendit chuchoter. Trois jeunes filles se présentèrent à l’entrée de son échoppe. Iulia Helias et ses deux sœurs.
Marcia les salua en courbant légèrement la tête. Ce n’était pas tous les jours que la flaminique augustale, prêtresse du culte impérial de Lugdunum, entrait dans son commerce.
Iulia Helias se tenait en retrait, la fierté discrète et le regard lointain. L’une des deux sœurs toucha une olive du bout de son index, puis demanda de goûter les deux vins, celui d’Andalousie et celui d’Étrurie.
Le 1er août approchait, date du concilium Galliarum*. Des délégués viendraient des quatre coins de la Gaule chevelue* pour négocier leurs droits et leurs impôts, mais surtout célébrer l’empereur. Des festivités et des jeux seraient organisés pour l’occasion.
Alors que la sœur de Iulia Helias trempait ses lèvres dans le premier verre, Marcia ne put s’empêcher de sourire. Son échoppe se situait au cœur du quartier de Condate, juste en contrebas du sanctuaire des Trois Gaules et de l’amphithéâtre, là où se déroulaient les festivités. C’est pour cette raison que son maître Marcus Antius Curio avait ouvert ce commerce ici. Un commerce de détail d’un genre nouveau. Son maître avait le sens des affaires.
À vrai dire, il n’était pl…
La femme avait terminé sa dégustation. Elle commanda une urne de vin d’Étrurie.
– S’il nous satisfait, nous t’en commanderons un culleus* pour les prochains jours. Pour les festivités.
Un culleus ! Marcia pencha la tête en signe de remerciement puis lui versa son urne.
– Ici rôde la mort. Venez, mes sœurs.
Marcia sursauta. Iulia Helias avait prononcé cette sentence d’une voix monocorde.
Les trois sœurs s’éclipsèrent sans autre forme de politesse.
Marcia n’eut pas le temps de digérer cette étrange vente qu’une silhouette massive se dessina dans la lumière de la large baie. Elle ne pouvait se tromper, cette silhouette avait bercé sa jeunesse, pour le meilleur et pour le pire. Marcus Antius Curio, son ancien maître, propriétaire de l’échoppe. Le plus grand negociatore vinarii de Lugdunum.
Elle réprima l’envie de se jeter à son cou.
– Cher maître, chuchota-t-elle en baissant les yeux.
– Cesse de te vautrer ainsi, tu es affranchie maintenant. Relève la tête.
Il avança jusqu’au comptoir et scanna les lieux, comme pour vérifier que tout était en ordre.
– Bravo Marcia. Ta taberna donne envie d’acheter. C’est bien, c’est très bien…
Il ajusta le haut de sa toge et continua :
– J’ai besoin de ton aide, aujourd’hui.
– Tout ce que vous voudrez.
Elle s’y attendait un peu. Son maître ne passait que très rarement. Tant qu’elle lui reversait son loyer et sa part de bénéfice, il ne s’aventurait jamais dans ce quartier. D’ordinaire, c’était l’un de ses esclaves qui lui livrait vins, huile d’olive et garum.
Son maître hésitait. Pire, ses traits paraissaient figés dans le marbre. Ça ne lui ressemblait pas. Marcia avait toujours admiré son visage expressif, et la vivacité qu’il communiquait à quiconque entrait dans son cercle. Quand, à six ans, Marcia avait été réduite en esclavage et emmenée à Lugdunum, elle s’était attendue au pire. Marcus Antius Curio l’avait accueillie dignement dans sa domus*. Pendant près de 20 ans, elle avait aidé la matrone à se coiffer. Puis son maître lui avait appris à compter et à écrire.
Aujourd’hui encore, malgré ce qu’il s’était passé – elle préférait enfouir la tristesse de ce souvenir –, elle le considérait comme un père. Un père qui, depuis, l’avait affranchie.
Il poursuivit :
– J’ai besoin que tu livres du vin chez Quintus Lutatius Clemens, le procurateur. Il organise un banquet ce soir, en l’honneur de la venue de trois sénateurs de Rome.
– Le procurateur ? Pourquoi moi ?
– Mes esclaves présentent mal. Certains savent à peine parler latin. Tu sais y faire, toi, avec tes longs cheveux bien coiffés et tes yeux en amande. Tu discours bien, tu es polie. Quintus Lutatius Clemens est… comment dire… tatillon.
– C’est vous qui m’avez tout appris, maître.
– Je sais, je sais.
– Dans la ville haute ?
– Oui. Passe d’abord à mon entrepôt. Fronto t’aidera à transporter la marchandise jusqu’en haut de la colline.
Son maître évitait son regard. Sa mâchoire se crispait. Il cachait quelque chose. Elle voulut obtenir de lui quelque information supplémentaire, mais il tournait déjà les talons. Il s’éloigna de quelques pas, puis se retourna.
– Quand tu seras chez le procurateur, fais bien attention. Regarde mais ne te brûle pas les yeux.
– …
– Regarde mais ne te brûle pas les yeux.
Il disparut.
***
Marcia ferma à contrecœur les lourds volets en bois de sa taberna. Elle allait perdre des clients, aujourd’hui. Mais pouvait-elle refuser ce service ? Elle le savait, sa liberté était conditionnée. Elle devait rendre gratuitement des services à son ancien maître. Et pour être sincère, depuis qu’il l’avait affranchie, Marcus Antius Curio n’abusait pas de son pouvoir.
Ce qui l’inquiétait, c’était le visage statufié de son maître. Elle ne l’avait plus vu comme cela depuis les « événements ».
Une fois son échoppe close, elle suivit l’Arar* en direction du quartier des Canabae, plus loin sur la presqu’île. Elle connaissait bien le quartier des négociants, celui où elle avait vécu.
À la vue de l’entrepôt, elle frissonna. Lorsqu’elle longea l’interminable colonnade de la domus de son ancien maître, les souvenirs affluèrent.
Elle a 14 ans. Elle fuit de la villa, voilée, capuchonnée, honteuse. La nuit est pluvieuse. Marcus Antius l’accompagne. Il l’a engrossée alors que son épouse sort juste de sa troisième fausse couche. Impossible de la garder au sein de la famille. Il l’envoie à l’autre bout de la cité.
Quelques mois plus tard, elle accouche dans une cave sombre, allongée sur un établi. Metila Donata, la femme médecin, la guide. On emmaillote son nourrisson – une fille. On l’abandonne dans la rue.
Une voix l’interpellait. Devant elle, un homme au teint cuivré et au visage taillé à la serpe agitait les bras. Elle raidit son dos et pinça les lèvres en un air supérieur. Il fallait qu’elle perde l’habitude de parler d’égal à égal avec les esclaves. Il se présenta. Fronto. Elle l’avait déjà croisé à plusieurs reprises, plus jeune.
Tout était déjà prêt. Marcia se hissa à l’arrière du plaustrum*, à côté des deux tonneaux de vin. À l’avant, Fronto guiderait les deux bœufs.
Ils rejoignirent les quais de l’Arar. Une barge les attendait. Décidément, son ancien maître avait tout prévu.
Un naute* leur fit franchir la rivière, calme en ce milieu de matinée. Puis ils entamèrent la longue ascension vers le plateau de la Sarra, la ville haute fortifiée. C’était là-haut que tout se passait, que tout se décidait. Mis à part les grands négociants, toute la classe aisée et administrative y résidait. Marcia ne s’y était rendue qu’à de rares occasions. À chaque fois, elle y jurait comme une tache de vin sur une tunique immaculée.
Ils s’engagèrent sur une voie tracée dans la falaise. Lorsque la montée se fit moins raide, ils parvinrent aux premières domūs de la cité. Au premier carrefour, deux gardes les laissèrent poursuivre après avoir jaugé leur cargaison.
Marcia ignora presque les hautes enceintes de l’odéon et du théâtre qu’ils longèrent. Son esprit était resté amarré au quai, tout en bas. « Ne te brûle pas les yeux. » Quel avertissement son maître avait-il voulu lui transmettre ? Et il y avait ces mots qu’avait prononcés Iulia Helias : « Ici rôde la mort. » Marcia leva les yeux au ciel. Les dieux épiaient son convoi de là-haut.
Depuis le début du voyage, une épée glacée lui engourdissait les muscles, un à un. Marcia s’interrogeait sur cette livraison. Son ancien maître négociait de gigantesques quantités de vin. Il les réceptionnait des quatre coins de la Méditerranée pour les revendre aux cités gauloises et rhénanes ainsi qu’aux commerçants de Lugdunum. Il ne livrait pas les particuliers, quand bien même ils s’appelleraient Quintus Lutatius Clemens. À moins que son maître veuille dorénavant approcher les autorités.
Le plaustrum stoppa devant une résidence à deux étages construite à flanc de colline. La domus du procurateur. Marcia eut du mal à mettre pied à terre, tellement l’anxiété la paralysait. Elle fit signe à Fronto de patienter auprès des bœufs. Il fallait qu’elle annonce leur arrivée.
Un large portail gardé par trois soldats donnait sur la rue. Après s’être présentée, elle fut introduite dans un immense vestibule. La pièce devait mesurer une dizaine de mètres de haut. En son centre, un jet d’eau alimentait le bassin. Le sol était entièrement couvert de mosaïque aux tons vermeils et turquoise. Il y avait peut-être dix nuances de couleur, le spectacle était saisissant. Était-ce donc ce luxe qui devait lui brûler les yeux ? Elle pouffa. Les muscles de ses épaules se relâchèrent enfin.
Au fond du vestibule, une porte entrouverte laissait deviner le péristyle et le jardin intérieur. Marcus Antius Curio, lui aussi, avait un jardin, mais certainement moins vaste que celui-ci, à ce qu’elle pouvait en juger.
Une grande femme aux cheveux cendrés entra dans le vestibule et s’engagea vers la sortie. Leurs regards se croisèrent. Marcia reconnut Metila Donata, la femme médecin qui l’avait aidée à accoucher. Metila la dépassa, puis revint sur ses pas. Elle lui posa la main sur les épaules et ses yeux l’examinèrent attentivement.
– Marcia Antia, c’est cela ?
– Oui.
– Pourquoi te trouves-tu ici ?
– Je dois livrer…
Metila approcha sa bouche et chuchota :
– Pars ! Pars et ne reviens jamais ici.
Marcia n’eut pas le temps de répondre que la médecin disparaissait dans la rue. L’épée glacée lui transperçait de nouveau les omoplates. Marcia recula de deux pas, prête à fuir.
Une servante approcha et lui demanda poliment de déposer ses tonneaux de vin dans la cuisine. Elle lui désigna une porte basse, à sa gauche.
Marcia lui fit répéter. Les sons se brouillaient. Elle avait l’impression que le bruissement de la fontaine s’engouffrait dans sa tête.
Une voix claire trancha le chuchotis.
– Mère ! Un onguent pour mes articulations !? Me prenez-vous pour une vetula* ? Mère, enfin !
Une fille d’une quinzaine d’années traversa le vestibule d’un pas pressé. Ses semelles en argent claquaient sur la mosaïque.
La jeune fille lui jeta un regard. Elle se figea. De son côté, Marcia se retrouva devant un miroir du passé. La jeune fille était son portrait caché. Nez un peu busqué, oreilles ciselées, regard orageux. Elles restèrent toutes deux à se dévisager.
Une deuxième voix, plus mûre, résonna du péristyle.
– Jeune fille ! Ne vous plaigniez-vous pas, hier, de douleurs aux doigts quand vous jouiez de la cithare ? Pourquoi ne pas…
Cornelia Lutatius, la maîtresse de maison, pénétra dans le vestibule. Il ne lui fallut que quelques secondes pour se taire. Un instant, il n’y eut que la fontaine pour chanter l’indicible. Devant la ressemblance de sa fille et de Marcia, elle poussa un cri.
– Gardes !
Marcia détala. Un garde lui arracha le haut de sa tunique. Elle parvint à franchir le portail et à se jeter dans la rue. Instinctivement, elle se dirigea vers Fronto, puis changea d’avis et bifurqua pour disparaître dans une ruelle.
Elle continua de courir, soulevant de la poussière sur son passage. Elle avait compris. Elle s’était brûlé les yeux. Les Lutatius avaient adopté son nourrisson.
Pourquoi donc son maître lui avait-il imposé cela ?
Les événements ne lui fournirent pas l’occasion de trouver la réponse. Un pugio* lui traversa la gorge. Elle s’écroula au pied de l’odéon.
Raphaël Bischoff et Maud Priouzeau
Lexique :
Taberna : échoppe, commerce.
Garum : sauce à base de chair ou de viscères de poisson fermentés.
Concilium Galliarum : conseil des Gaules.
Gaule chevelue : les territoires allant globalement des Pyrénées au Rhin avant la conquête de César.
Culleus : outre d’un volume équivalent à 520 litres environ.
Domus : habitation urbaine unifamiliale réservée aux classes aisées.
Arar : nom antique de la Saône.
Plaustrum : charrette.
Naute : batelier assurant le transport fluvial des marchandises.
Vetula : femme âgée.
Pugio : large poignard à double tranchant.
Le statut des femmes dans l’Antiquité
Dans la société romaine, on retrouve plusieurs statuts juridiques qui touchent aussi bien les hommes que les femmes. Et mis à part les droit civils et politiques, les femmes participent pleinement à la vie de la cité, de la famille, et profitent quasiment de tous les loisirs offerts par le monde romain.
Esclaves et femmes libres
Tout comme les hommes, les femmes de la Rome antique sont réparties en deux catégories : les esclaves et les femmes libres.
Depuis la guerre des Gaules, il y a de moins en moins d’esclaves, les sources se tarissent. En outre, lorsqu’on possède des esclaves, il faut bien les traiter. Et l’on pense que, pour avoir des esclaves travailleurs, il faut les motiver en leur promettant l’affranchissement. Quand on affranchit les esclaves, il demeure néanmoins toute une série de liens concernant le travail. Par exemple, lorsqu’un affranchi travaille dans la boutique de son ancien maître, il lui doit des jours de travail gratuits.
Les nouveaux esclaves ne proviennent plus des guerres mais des villes. L’enfant non désiré est emmailloté et déposé dans la rue ; celui qui le trouve et qui s’en occupe gagne ainsi un esclave… Pour les familles qui peinent à avoir des enfants, ou qui en ont perdu beaucoup (le taux de mortalité infantile est très élevé), il est possible de récupérer ces enfants et de les affranchir, pour les « adopter » en quelque sorte. Toutefois, quand un couple d’esclaves a un enfant, celui-ci est esclave.
Citoyennes romaines, latines ou pérégrines
Dans les rangs des femmes libres, on retrouve les femmes affranchies. Celles-ci portent toujours le nom de leur maître – si celui-ci est un homme, le nom est féminisé – en plus d’un autre nom. Cette « tache » dans leurs noms montre au monde romain qu’elles ne pourront jamais obtenir le degré de respectabilité d’une citoyenne. Elles reçoivent par ailleurs le statut juridique de leur ancien maître : citoyennes romaines, latines ou pérégrines.
Les pérégrines sont des étrangères non assujetties au droit romain. Elles vivent en Gaule avec des lois dont on ne sait rien. Et même si elles épousent un citoyen romain, elles conservent ce statut d’étrangères.
Dans les citoyennes il faut distinguer les citoyennes de droit latin et les citoyennes romaines. Ces dernières bénéficient de davantage de respectabilité : elles portent deux noms, le nom de famille et le gentilice (le surnom), et possèdent les mêmes droits civils que les citoyennes de droit latin.
Mineures toute leur vie
Les citoyennes n’ont pas de droits politiques, elles ne peuvent exercer des fonctions de magistrat, de juge ou de militaire. Ni intenter d’action en justice, sauf dans le but de défendre l’honneur d’un de leurs proches. Quant aux droits civils, ils ne sont guère importants : la femme reste mineure toute sa vie, soumise à la tutelle du père ou du mari.
Lors d’un mariage par exemple, la femme passe de la tutelle du père à celui du mari. En règle générale, pour que le mariage soit valide, il faut que la fille ait 12 ans accomplis, que les deux époux soient d’accord, et que le père ou le tuteur de la jeune fille donne lui aussi son accord.
Le mariage représente en premier lieu un arrangement financier entre deux familles. Le mari reçoit une dot qui lui permet de supporter les frais du ménage, mais aussi à la jeune fille de s’assurer une part des biens de la famille en cas de succession. La dot est donc l’objet d’un contrat.
Pour le reste des droits, la femme utilise librement ses biens, elle peut affranchir ses esclaves, gérer une entreprise et faire son testament. Elles ont le même droit du travail que les hommes. La femme jouit de l’essentiel des droits civils mais n’est en rien l’égale des hommes.
Les femmes travaillent dans les couches les plus pauvres de la population, c’est même nécessaire. Elles peuvent exercer tous les types de métier, jusqu’à des postes importants, « femmes d’affaires » notamment. À Lugdunum, Memmia Sosandris est propriétaire d’une mine de fer, tandis que Metilia Donata est une médecin généraliste et non une simple accoucheuse. Et l’on retrouve pléthore de mentions de marchandes et d’artisans. On a même découvert des mentions de femmes ayant été gladiatrices et combattant régulièrement dans l’arène en tant que professionnelles.
L’Antiquité encore visible à Lyon
L’amphithéâtre
Il date de 19 après J.-C., construit par le sacerdoce de Lyon, Caius Iulius Rufus.
Il était destiné aux seuls délégués gaulois. C’est le premier amphithéâtre de Gaule.
Les quatre niveaux de gradins d’une capacité de 1.800 spectateurs accueillaient les fauteuils réservés aux élus des délégations des 60 nations gauloises. L’arène est construite sur la molasse de la colline, elle n’est pas dotée – contrairement aux amphithéâtres plus récents comme le Colisée – de passages et galeries souterrains. Seul un canal dédié à l’évacuation des eaux est creusé sur ses bords.
Il est agrandi pas l’empereur Hadrien au début du IIe siècle, ce qui lui permet d’accueillir 20.000 spectateurs. Il accepte cette fois des habitants de Lugdunum et des quatre Gaules venus assister aux combats de gladiateurs, d’esclaves ou d’animaux sauvages et aux spectacles.
Le théâtre antique
Construit sous le règne d’Auguste vers 15 avant J.-C., il a été agrandi sous le règne d’Hadrien à la fin du Ier siècle, début du IIe siècle.
Taille : 108 mètres de diamètre. C’est le second théâtre de Gaule, le plus grand après celui d’Autun.
Capacité d’accueil : 5.000 places à l’origine. Cela va jusqu’à 10.000.
Longtemps, seuls les vestiges de l’Odéon sont restés visibles. Au milieu du XIXe siècle, on effectue les premiers sondages et l’on pense avoir trouvé l’emplacement de l’amphithéâtre, lieu des martyres des premiers chrétiens. En 1933, sous le mandat d’Édouard Herriot, la Ville achète le terrain et l’on découvre qu’il s’agit d’un théâtre flanqué d’un odéon.
L’orchestra, d’un diamètre de 25,5 mètres, allie granit gris, calcaire rose et marbre de cipolin vert pour une centaine de riches. Il possédait un mur de scène et un système de rideau qui s’élevait depuis le bas de la scène, ainsi qu’une probable toiture en tissu et bois. Comme beaucoup de monuments de la ville haute lors de son abandon, il a été pillé et a perdu sa parure et ses blocs de grands appareils.
L’odéon
Lyon est, avec Vienne, la seule ville de Gaule à posséder un odéon. On le connaît depuis toujours car il est resté visible depuis l’Antiquité. Il aurait été bâti à la fin du Ier siècle ou au début du IIe siècle.
Fort d’une capacité de 3.000 places, il a perdu, comme pratiquement tous les autres bâtiments antiques, son habillage en pierre de taille et marbre, mais on sait tout de même que le sol était richement dallé. Un dallage polychrome de plus de 10 coloris avait été conçu avec des matériaux plus nobles que pour le théâtre.
Ce pavement était entouré d’une double volée de gradins bas destinés à recevoir les sièges des édiles. On pense qu’il possédait un système d’ombrage avec des plaques de bronze.
Pour aller plus loin :
- Lyon antique, de Jean-Paul Bravard, Armand Desbat, Anne Pariente et Hugues Savay-Guerraz, éditions du Patrimoine, coll. Guides archéologiques de la France.
- Les femmes en Gaule romaine, de Nicolas Mathieu et Bernard Rémy, éditions Errance.
- Nouvelle histoire de Lyon et de la métropole, sous la direction de Paul Chopelin et Pierre-Jean Souriac, éditions Privat.
- Dictionnaire historique de Lyon, de Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup et Bruno Thévenon, éditions Stéphane Bachès.
- Femmes de Lyon, sous la direction d’André Pelletier, Éditions lyonnaises d’art et d’histoire.