À Lyon comme ailleurs, l’émancipation au prix fort des jeunes LGBTQIA+

Alors qu’un jeune LGBTQIA+ sur cinq connaît un épisode de vie dans la rue, souvent après un rejet familial violent, l’acceptation sociale recule : en 2024, 48% des parents annonçaient être prêts à soutenir la transition de leur enfant transgenre, contre 56% un an plus tôt. Lyam, expulsé à 17 ans pour sa transidentité, incarne cette double crise, entre exclusion familiale et stigmatisation sociale. Un article signé Elsa Bossy et Elsa Pereira de lima.

« T’as dix minutes pour faire tes affaires et dégager. » Lyam a 17 ans quand ses parents le mettent à la porte de chez lui. Il vient de leur annoncer qu’il est un homme transgenre. « J’ai pris mon sac, je n’ai même pas pensé à rassembler les trucs importants, juste des livres », nous confie-t-il. « Je n’avais rien, nulle part où aller. » Caché dans un local à poubelles, il utilise son dernier pour cent de batterie pour appeler son ex-copine. Elle l’héberge quelques jours, puis il se rend chez un ami. C’est la famille de ce dernier, qu’il nomme affectueusement sa « famille d’accueil », qui le recueille et le soutient pendant six mois.

Lyam a tenté de trouver de l’aide auprès d’une assistante sociale et de la police, qui « n’ont pas fait grand-chose ». Même constat du côté de la banque, après que ses parents l’ont privé des 6.000 euros qu’ils avaient conservés sur un livret A à son nom. « Ils n’ont pas essayé de me recontacter pendant trois mois. Ils ont changé les serrures parce qu’ils ne voulaient pas que je rentre chez eux. Mon père avait mis des caméras et avait pris le téléphone de ma sœur pour ne pas que je lui parle. »

Comme Lyam, un jeune LGBTQIA+ sur cinq s’est retrouvé sans domicile fixe – quatre à cinq fois plus que le reste de la population. Pour 71% d’entre eux, cela fait suite à une rupture familiale violente, dans un cadre où l’acceptation des personnes transgenres opère un net recul. C’est le constat alarmant dont fait état le baromètre du Refuge et BVA Xsight : en 2024, moins d’un Français sur deux se disait prêt à soutenir son enfant transgenre dans sa transition. Une baisse de huit points par rapport à 2023.

« Depuis toujours, je savais que j’étais différent »

Pour Lyam, se désigner ouvertement comme homme transgenre a été la réponse à de nombreux questionnements. « Depuis toujours, je savais que j’étais différent. Je n’avais pas le mot pour le qualifier, mais je le

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