Fin de l’argent liquide : entre utopie post-monétaire et narcotrafic

Abolir le cash : c’est la proposition-choc qu’a faite le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, le 22 mai dernier. Un projet motivé par la volonté de résoudre le problème du narcotrafic et de la criminalité en France. Une mesure radicale, difficile à mettre en œuvre et qui ne fait pas l’unanimité.

Surprise : le scénariste Marc Chinal exprime son soutien à cette proposition. L’auteur et militant politique lyonnais du mouvement Voter Après-Monnaie veut même aller plus loin et en finir avec tous les types d’échange monétaire. Même s’il ne pense pas que le gouvernement ira au bout du projet exprimé par le ministre de la Justice, il estime que ce genre de discours peut faire bouger les limites.

Dans leur BD, Marc Chinal et Mathieu Bertrand imaginent un monde où les échanges s’opèrent sans monnaie, à partir des compétences de chacun. « La vraie valeur, c’est ce que les individus peuvent apporter à la société », indique le dessinateur. Ils parlent d’un marché fondé sur la rencontre des besoins et des ressources. Dans leur fiction, des micro-villages émergent petit à petit en réaction à une crise gouvernementale généralisée, qui touche notamment le pouvoir d’achat. Une vision d’un nouveau monde basé sur la collaboration, en réponse aux crises économiques et écologiques, bien loin des logiques actuelles de profit.

Ces penseurs d’un futur post-monétaire ne partagent toutefois pas les motivations du ministre. Ce sont, pour eux, les questions écologiques et de l’exclusion des minorités qui importent, pas celle de la fin du narcotrafic en France. Celui qui travaille sur l’écriture du second opus de la BD précise : « Supprimer les espèces ne changera pas ça. Les trafics trouveront toujours un coin pour se développer. »

Afin d’y voir plus clair sur l’annonce de Gérald Darmanin, nous avons interrogé un expert en cryptomonnaies ainsi qu’un dealer, premier concerné par cette démarche.