Suppression des ZFE : « Ce n’était pas une mesure écolo mais une mesure macroniste »

Le 17 juin, l’Assemblée nationale a voté la suppression des zones à faibles émissions (ZFE) qui excluaient les voitures les plus polluantes des centres-villes, dans le cadre du projet de loi de simplification de la vie économique. Ce PJL, décrié par la gauche et soutenu par la droite et l’extrême droite, signe plusieurs reculs notables sur le plan environnemental. Alors qu’à Lyon, les élus écologistes ont voté malgré tout plusieurs aides ZFE, Olivier Klein, enseignant-chercheur lyonnais de l’École nationale de l’aménagement durable des territoires, répond aux questions d’Emma Pertusot et Tristan Gayet.

L’Arrière-Cour : Quel bilan peut-on tirer des ZFE cinq ans après leur mise en place ?

Olivier Klein : Il est compliqué de répondre à cette question, car nous n’avons pas beaucoup de données précises. À Paris et à Lyon, nous avons tout de même constaté une diminution de l’usage des voitures les plus polluantes depuis l’instauration des ZFE. Cependant, nous ne pouvons analyser leurs effets sans prendre en compte d’autres influences. Les ZFE sont un élément de la politique de mobilité de plusieurs agglomérations, une politique qui a forcément d’autres volets : le renforcement de l’offre des transports collectifs, la réduction de la place laissée à l’automobile, la création de pistes cyclables, l’apaisement de la circulation, la municipalisation du stationnement et de la tarification, etc.

Cette mesure entend d’abord lutter contre les pollutions locales, les oxydes d’azote, la poussière et les nuisances sonores. Sans négliger, dans les politiques publiques, l’aspect écologique de lutte contre les émissions de CO2. L’impact doit être mesuré sur un temps long et faire l’objet d’une différenciation spatiale. Bien sûr, il y a davantage d’effet dans les centres-villes que dans les zones périphériques actuellement concernées par les ZFE.

 

Pourquoi les ZFE sont-elles contestées en France, alors qu’elles ont été adoptées dès 1996 en Suède et 2008 en Angleterre et en Allemagne, par exemple ?

Le contexte politique explique cela en partie. Nous sommes dans une situation d’instabilité où la majorité se cherche, surtout à un an des municipales. La ZFE n’est pas une mesure écologique, c’est une mesure macroniste qui avait pour objectif, non pas la démotorisation, mais la suppression des véhicules les plus polluants. Le but est de favoriser le remplacement, par les ménages, de leurs véhicules sales par des véhicules propres – autrement dit, de forcer un renouvellement du parc automobile français par des voitures plus récentes. C’est une mesure qui privilégie l’indu

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