La fierté disparue des cantines lyonnaises

Est-ce que nos enfants mangent correctement dans les écoles et collèges de l’agglomération lyonnaise ? L’Arrière-Cour est allée dans les établissements scolaires poser la question à ceux que l’on n’interroge jamais sur le sujet : les personnels des cantines. Notre journaliste a découvert une profession en perte de sens, où des personnels souvent qualifiés, qui ont choisi ce métier par passion, se désespèrent de servir aux enfants une nourriture industrielle qu’ils n’ont aucune envie de consommer eux-mêmes. Enquête illustrée par le génial Guillaume Long.

Une enquête d’Esther Schlegel

Disposée sur un plateau en plastique gris, une coupelle rectangulaire contenant une salade de chou-fleur sans agrément, ni persil, ni tranche de tomate, surmontée d’une sauce vinaigrette épaisse et grasse. L’entrée. Le plat, assiette ronde blanche dans laquelle une viande blanche nage dans une sauce elle aussi grasse et blanche. Quelques pommes de terre molles, cubiques, en accompagnement. Du pain, le plus de pain possible pour remplir le ventre. Un yaourt et un fruit qui seront eux-aussi engloutis. Le ventre qui gargouille au goûter. C’est le menu que les enfants de la ville de Lyon se sont vus servir le mardi 07 janvier 2020 sous les appellations fallacieuses de sauté de dinde à la normande et pommes de terre rissolées. Les labels bios et « fait maison », porteurs de fausses promesses, figurent aux cotés des plats qui composent le menu comme de cyniques étendards d’une cuisine industrielle qui saccage l’idéal de la cantine.

Dans la ville de Monsieur Paul, si fière de rappeler aussi souvent que possible qu’elle est la capitale de la gastronomie, comment un repas aussi insipide et triste peut-il être servi aux écoliers et aux collégiens ?

« Les enfants ne mangent que du pain »

Nous avons posé la question à ceux que l’on n’interroge jamais sur ce sujet, et qui sont pourtant aux premières loges : le personnel des cantines. À leur demande, nous ne citerons ni leur nom, ni leur établissement. Personnel souvent en grève, les raisons de leur colère sont rarement analysées. Titulaires du CAP, ils sont formés à la cuisine. Pourtant leur métier est en perte de sens. Avec franc-parler ils décrivent la réalité de ce qui compose les repas des enfants. « Même le menu de Noël ne donne pas envie. On a honte de le servir. Depuis que la cuisine centrale nous livre, il n’y a plus de goût. Pour les entrées par exemple, on n’a aucune garniture, pas même une petite tranche de tomate. C&

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